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Séries Mania 2021 : L’heure de tourner la page

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Ca y est, l’édition 2021 de Séries Mania a refermé ses portes ce jeudi au terme d’une cérémonie de clôture qui fut aussi longue que riche en événements et récompenses (et elle a duré plus de deux heures). Dans une salle du Nouveau Siècle comble qui a ri de bon cœur aux vannes d’Alex Vizorek sur la nouvelle grille de rentrée d’Europe 1 et les régionaux de l’étape Darmanin (démission!) et Dupont-Moretti (démission!), le festival a pour sa troisième tenue à Lille déroulé un palmarès toujours plus touffu que jamais avec plus d’une dizaine de trophées remis au total. Un palmarès transversal qui a permis de mettre en lumière la vitalité des places fortes sériephiliques qui ont toujours eu une place forte dans les programmations de Séries Mania.

Du côté de la création hexagonale, c’est OCS qui sort grand vainqueur du festival, raflant trois des quatre prix de la Compétition française dont celui, tout nouveau, de la meilleure musique de séries organisé en partenariat avec la SACEM. Récompensé pour son travail plein de malice sur Jeune et Golri, Pierre Leroux, ex-leader du groupe Housse de Racket, parachève le triomphe de la comédie d’Agnès Hurstel dont on vous a déjà dit le plus grand bien sur ce site. Auréolée du prix de la Meilleure série, elle dame le pion à l’autre poulain de la chaîne câblée L’Opéra, qui se consolera avec le prix d’interprétation féminine pour la grande Ariane Labed. Une relative surprise tant le soap de luxe sur les petits rats de l’Opéra de Paris clignotait davantage « série de prestige » que sa petite sœur, mais on ne se plaindra pas de voir une comédie, et une comédie aussi attachante que Jeune et Golri par-dessus le marché, triompher et illustrer le savoir-faire des productions OCS dans un genre encore trop souvent négligé dans la fiction française.

Du côté des autres sélections internationales, les palmarès du Panorama et de la Compétition internationale ont confirmé les fortes tendances dessinées par les retours critiques autour de ce Séries Mania. On en avait parlé dans le précédent chapitre de ce journal de bord, mais les séries nordiques étaient en très grande forme cette année, et cette forme se retrouve dans un palmarès aux forts accents scandinaves et associés. À la surprise générale (d’une personne hein, on est pas allé faire un micro-trottoir à la sortie de la salle non plus), c’est l’Islandaise Blackport, commandée et prochainement diffusée sur ARTE début 2022, qui empoche la récompense suprême du Grand Prix de la Compétition internationale. Non pas que la série de Gísli Örn Garðarsson et Björn Hlynur Haraldsson manque de qualités, mais l’absence totale au palmarès de la très belle Anna de Nicolo Ammaniti, autre co-production de la chaîne franco-allemande qui avait une bonne tête de favorite, reste intrigante. Dans le même temps, notre pari sur le Prix d’interprétation féminine pour la jeune et renversante Danoise Marie Reuther pour Kamikaze s’était avéré exact, ce qui prouve qu’on n’est pas non plus totalement à la ramasse pour relever une évidence quand celle-ci pointe le bout de son nez (qu’elle a joli d’ailleurs, selon les mots de Goscinny).

Autre place forte de cette année, l’Australie ne rentre pas bredouille, et si on aurait adoré voir la chouchoute des festivaliers Wakefield repartir avec un prix, c’est la comédie Fisk (pas vue, mais les applaudissements nourris de la salle et l’hilarant speech de remerciements de sa créatrice font qu’il va falloir qu’on s’y mette) qui sauve l’honneur de la patrie de Hugh Jackman et Kylie Minogue. Le Canada, qui s’était lui aussi montré sous son plus beau jour pendant cette semaine de projections, repart avec le Prix de la Compétition Formats Courts avec Something Undone, ainsi qu’avec une belle place d’honneur pour la très sympathique Sort Of, deuxième des votes du Prix du Public derrière le mastodonte Germinal.

Malgré une offre qualitativement en-dessous cette année, les séries israéliennes ne sont pas non plus en reste grâce au Prix d’interprétation masculine collectif remis au casting de The Echo of Your Voice, drame musical sur une lignée de chanteurs populaires un peu schématique et balisée dans son écriture mais dont le casting mérite en effet d’être célébré. Pour le reste, les séries féministes (Jeune et Golri, la comédie britannique We Are Lady Parts) et LBGT+ (la colombienne Vida de Colores, Sort Of) se sont elles aussi distinguées, validant la volonté de mettre en avant des thématiques fortement mises en avant par la direction du festival cette année, et probablement pour celles qui viennent.

Germinal/Chapelwaite : Se réadapter au réel

Le Prix du Public est quant à lui remis à Germinal, blockbuster sériel de la rentrée de France Télévisions. Nouvelle adaptation des aventures d’Étienne Lantier et ses compagnons de grève miniers, la série disponible depuis mercredi soir sur Salto et prochainement diffusée sur France 2 avait la parfaite tête du vainqueur couronné par avance : une aura de série de luxe à gros budget, un casting de têtes connues et populaires (Thierry Godard, Alix Poisson, Guillaume de Tonquédec…), un ancrage plus-local-tu-meurs, une belle couverture médiatique… Pour se démarquer des productions déjà existantes dont les films d’Yves Allégret et surtout de Claude Berri, la chaîne du service public a ouvertement joué la carte du rajeunissement et de la modernisation du roman de Zola. Avec l’aide entre autres de Julien Lilti, c’est au réalisateur de la version française de Skam David Hourrègue qu’incombe la lourde tâche de faire le Germinal de la nouvelle génération.

Au-delà d’un casting repensé et diversifié, le Germinal version 2021 revient au fond du texte de Zola et le dépareille de certains artifices du film de Berri notamment. Plus linéaire, plus « straight-forward », la série s’adresse clairement à ceux que la prose de l’auteur de J’accuse a pu rebuter sur les bancs de l’école. Les moyens sont là, l’effort d’authenticité aussi (la série a été en grande partie comme le Germinal de Berri tourné sur le site de Wallers-Arenberg, ancienne fosse minière reconvertie en lieu dédié au cinéma et à la création numérique), et le casting prend avec succès le flambeau de ces prédécesseurs, notamment chez les plus jeunes. Lancé par la websérie Mental en 2019, le jeune Louis Peres fait un bon Lantier, même sans le caban rouge de Renaud ou le deltaplane d’Usul, et la Canadienne Rose-Marie Perreault brille sur les pas de Judith Henry dans le rôle tragique de Catherine Maheu. Ce nouveau Germinal n’est pas parfait, manque par moments d’aspérités, apparaît parfois un peu trop scolaire dans son cahier des charges, mais il saura très probablement trouver son public très vite et montrer une nouvelle fois que le potentiel séduction d’une adaptation de Zola reste encore aujourd’hui toujours intact.

S’il y en a bien un qui s’y connaît en question d’adaptations, c’est bien Stephen King. Le puits sans fond de son œuvre pouvant servir à alimenter les robinets de programmation de toutes les chaînes américaines pour les quarante prochaines années, il était prévisible que le Maître de l’horreur atterrisse au programme de Séries Mania, et ce fut le cas avec la série de clôture de cette année. Cette fois-ci, c’est Chapelwaite qui s’y colle, pour le compte d’Epix. Création des frères Jason et Peter Filardi, elle adapte la nouvelle Jerusalem’s Lot (Celui qui garde le ver en VF), nouvelle épistolaire hommage à Lovecraft issue du recueil Danse Macabre. Le nom de Jerusalem’s Lot (ou de Salem) n’est pas inconnu des fans de King, puisqu’il forme avec les autres Derry et Castle Rock le lot de ces cités horrifiques composites à travers lesquelles l’écrivain évoque la région de son enfance, ce Maine à la fois maritime et forestier, théâtre de la grande majorité de ses romans et nouvelles.

Enfants du coin (ils sont originaires de l’état quasi voisin du Connecticut, au cœur de la Nouvelle-Angleterre), les Filardi essayent avec Chapelwaite à l’œuvre foisonnante et rebattue de Stephen King avec l’application d’écoliers modèles. Dans le Maine du XIXe siècle, le capitaine Charles Boone (Adrien Brody) décide de jeter l’ancre après la mort tragique de sa femme. Avec ses trois enfants, dont l’une affectée par le rachitisme, il s’installe dans la demeure de la scierie familiale, le manoir de Chapelwaite, abandonnée depuis la mort de son frère. Sur place, il découvre la méfiance de la population locale, qui accable la famille Boone d’avoir répandu une mystérieuse maladie dans le village. À cette défiance s’ajoute le traumatisme d’enfance de Charles, victime d’un père abusif, qui refait surface au contact de son lourd héritage familial…

Derrière ses intentions, Chapelwaite laisse vite apparaître ses limites, qui ne sont que trop souvent celles auxquelles se heurtent les adaptations télévisées récentes de Stephen King. Chapelwaite manque terriblement d’inspiration en se limitant à une illustration très sage des obsessions de King. Tout en camaïeu de gris, le pilote se traîne interminablement et souligne la difficulté d’adapter une courte nouvelle en mini-série de dix épisodes d’une heure. Le tout se traîne, non sans un certain panache par moments, mais apparaît dans le fond comme très impersonnel. La vraie bonne idée de Chapelwaite en revanche, se trouve dans le choix d’Adrien Brody pour incarner Boone. Avec sa mine triste et sa sourde inquiétude permanente, l’acteur fait un héros King-ien royal, à la fois gothique et émouvant. Pas sûr que ce soit suffisamment pour faire tenir Chapelwaite sur dix épisodes, mais c’est certainement assez pour tenir jusqu’au bout de la première heure.

Le palmarès complet de Séries Mania 2021

  • Prix des lycéens pour la Meilleure Comédie : Fisk (Australie), mention spéciale pour Les Tribulations de Georges et Fernand (France)
  • Prix de la compétition Formats Courts : Something Undone (Canada)
  • Prix du Public : Germinal (France), mention spéciale pour la deuxième place pour Sort Of (Canada)

Compétition française

  • Prix du Meilleur Acteur : Daniel Njo Lobé pour Le Code
  • Prix de la Meilleure actrice : Ariane Labed pour L’Opéra
  • Prix de la Meilleure Musique : Pierre Leroux pour Jeune et Golri
  • Prix de la Meilleure Série française : Jeune et Golri

Panorama international

  • Prix du Jury étudiant : We Are Lady Parts (Royaume-Uni)
  • Prix spécial du jury : Vida de Colores (Colombie)
  • Grand Prix spécial du jury : The Last Socialist Artefact (Croatie)

Compétition internationale

  • Prix du Meilleur Acteur : Prix collectif pour le casting de The Echo of Your Voice (Israël)
  • Prix de la Meilleure Actrice : Marie Reuther pour Kamikaze (Danemark)
  • Grand Prix de la Compétition Internationale : Blackport (Islande)

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